Lou Reed
Lou Reed
Le 27 octobre 2013 s’est éteinte la légende vivante Lou Reed.
Lou Reed semble avoir eu la carrière artistique rêvée. D’une part, quelques succès planétaires qui firent sortir sa musique de l’ombre et d’autre part une position suffisamment distante du show-biz et des médias qu’il méprisait afin d’amener son art où il le désirait.
Lou n’était pas homme à se contenter du rock pour le rock mais à la sublimation de celui-ci. Là était son talent. Un rock multi dimensionnel qui vient régulièrement s’alimenter en art et en littérature. Une poésie urbaine new yorkaise ténébreuse et désenchantée, au même titre que ses riffs et ses mélodies intemporelles caractérisaient ainsi cet artiste habité.
L’art comme échappatoire
Passionné de littérature et de musique, Lou Reed sait très tôt qu’il veut allier les deux arts, car, comme il le déclarait dans Le Monde en 2008 « Parfois, la musique rend les mots plus efficaces, parfois elle détourne les gens des paroles ». Idéal pour s’exprimer et se faire comprendre. Il suit les cours de littérature de l’écrivain Delmore Schwartz à l’université, puis rencontre Andy Warhol, maître du pop art. Ces influences le conforteront dans cette voie.
Mais le jeune Lou est également attiré par la rue de son New York natal et de ce qui s’y passe.
Le Velvet Underground
Après quelques groupes éphémères, Lou Reed fonde le Velvet Underground avec John Cale, Sterling Morrison et Maureen Tucker en 1965. Le groupe managé par Andy Warhol au sein de la Factory, son atelier d’art livre quatre albums originaux dont le fameux « The Velvet Underground & Nico » en 1967, œuvre intemporelle. Dès lors, une attitude, des textes explicites notamment sur la drogue (« I’m Waiting For The Man » ou « Heroin ») dont le thème n’a encore jamais vraiment été évoqué et une certaine radicalisation et modernité du son constituent la marque du groupe et par là même de son compositeur principal Lou Reed.
Ayant reçu peu de succès à l’époque, le groupe est pourtant considéré aujourd’hui comme le plus influent de la scène underground à venir. La célèbre citation de Brian Eno à leur propos en 1982 dans le magazine Musician résonne encore aujourd’hui : « Il n'y a peut-être que 30 000 personnes à avoir acheté l'album à sa sortie, mais elles ont toutes formé un groupe. »
Incroyable pour une première tentative sérieuse de Lou Reed dans la musique !
Un style et une personnalité subversifs
Avec le Velvet, le style Lou Reed est né. Après la séparation du groupe en 1970 il entame une carrière solo. Au fil de ses albums, Lou Reed oscille entre œuvres personnelles « Lou Reed » (1972), « The Blue Mask » (1982) et œuvres conceptuelles « Transformer » (1972), « Berlin » (1973), « Metal Machine Music » (1975), « New York » (1989), « Magic & Loss » (1992). En 1975, l’album volontairement bruitiste « Metal Machine Music » est un flop commercial. Pas de chant, pas de mélodie juste du feedback de guitare. Le disque fait scandale à l’époque. Réhabilité aujourd’hui, il reste le disque fondateur de toute la vague no wave, de la musique industrielle et de la noise.
Lou Reed développe en parallèle dans les années 70 un look provoquant, vêtements sombres et maquillage, cheveux peroxydés en blond, et une addiction aux drogues dures. Mais l’« animal rock’n’roll » Lou Reed, possède aussi une sensibilité latente. L’émotion cachée est détectable là où vibre sa voix sourde. On la découvre lorsqu’elle est à son comble dans des titres comme « Venus In Furs », « Perfect Day », « Sad Song » ou encore « The Blue Mask ».
Héritage musical et artistique
Du punk au post-punk, la no wave, la musique industrielle et plus tard le grunge et l’indie rock, quasiment tous ces courants qui suivirent, se sont régulièrement abreuvés de cette manière de concevoir le rock, où l’esthétisme prime.
De plus, Lou Reed avait déjà adopté le look et le mode de vie tout comme son admirateur David Bowie bien avant ceux des mouvements punk ou encore grunge.
Lou Reed n’a imposé aucune limite à son art, à ses envies. Musicien, poète mais aussi récemment photographe, il laisse une œuvre hétéroclite immense où chacun y pioche son inspiration.
Discographie sélective
Avec le Velvet Underground
1967 – The Velvet Underground & Nico
1968 – White Light/White Heat
1969- The Velvet Underground
1970- Loaded
En solo
1972 – Lou Reed
1972 – Transformer
1973 – Berlin
1974 – Rock’n’Roll Animal (live)
1975 – Metal Machine Music
1976 – Coney Island Baby
1978 – Street Hassle
1982- The Blue Mask
1989 – New York
1990 – Songs For Drella (avec John Cale)
1992 – Magic And Loss
1996 – Set The Twilight Reeling
Paroles des chansons de Lou Reed en édition bilingue
2008 – Lou Reed « Traverser le feu - Intégrale des chansons » traduit par S. Couronne et L. Debay, Collection Fiction & Cie, Editeur Seuil, 512 pages
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